LA MOSELLE, DE BUSSANG A COBLENCE, AVEC LES CITOYENS DE LA NATION DES OISEAUX.
Amis citoyens de la nation des oiseaux, François Cheng, dont les méditations sur la beauté m'accompagnent dans ce périple, nous apprend qu'en chinois "beauté du Mont Lu" signifie aussi "un mystère insondable". Et oui, la beauté est bien mystérieuse. Je peux écrire que la Moselle offre des perspectives et des jeux de lumières constamment renouvelés. Mes photos en témoignent. Des brumes et des nuages jouent avec les rayons du soleil, ils voilent ou dévoilent des villages, des arbres, une végétation luxuriante, qui se reflètent dans les eaux de la rivière au point où le promeneur s'égare entre ciel et terre. Les oiseaux, de toutes sortes, innombrables, font entendre en longueur de journée une musique si particulière, accompagnée par la cacophonie des grenouilles, crapauds et autres batraciens. On ne les voit pas, on les entend dans les buissons, dans les herbes sauvages au bord de l'eau, et là-bas, un peu plus loin, sur les îles de la Moselle sauvage, où ils ont construit leurs nids. Les cigognes ont détrôné le milan royal. Elles tutoient les étoiles et règnent sur le ciel au dessus de la rivière. Des humains, vivent, s'aiment et travaillent sur ses rives, ils y laissent les traces de leur agitation mais aussi les signes de leurs croyances. Les oratoires et les croix de chemins incitent à la méditation. Les symboles d'un christianisme triomphant et totalitaire se sont installés sur les positions des cultes le précédant. Ces endroits sont inspirés. Les hommes ont construit des villes, des villages, des fermes, des ateliers. Ils ont tracé des routes, des voies ferrées et des chemins pour se relier. Ils ont creusé des tunnels et ils ont dressé des ponts pour franchir les obstacles. Les ponts, comme les tunnels, ne tuent pas, ils relient. « Qui fera 6 où il y a un pont, paiera le prix convenu et se placera au nombre 12 pour se noyer sous ce second pont », c’est dans la règle du jeu de l’oye. Le pont est la figure d’un possible raccordement, il connecte les bords éloignés. « Il suffit » affirme-t-on « de passer le pont »… Oui, il suffit, mais… Les hommes, et il n'y a pas de doute ce sont bien les hommes, ont érigé des clochers, l'humanité en érection. Où que l'on se trouve dans la campagne, au bord de la rivière, on voit ou on devine la silhouette d'un clocher qui nous indique que son village n'est pas loin. Si on sait les écouter, leurs carillons donnent des renseignements précieux sur le vie de la communauté. Puis il y a les rencontres avec les "CITOYENS DE LA NATION DES OISEAUX" : Monsieur Luzerne, conteur et grand connaisseur des mystères de ces forêts, un cycliste jovial qui se repose à l'ombre, Monsieur "pas de chance" qui répare le pneu de son vélo, le joli couple de taverniers qui tiennent l'auberge "des deux marronniers" à Malling, l'éclusier de Kœnigsmacker qui aide la péniche bien nommée "Elizabeth" à franchir le bassin de l'écluse, la bergère souriante et ses chiens bergers, et mon ami Sylvain Dessi venu saluer avec moi la première aurore de mon périple.
La vie se manifeste dans tout son formidable foisonnement : la beauté existe. Il faut bien en faire quelque chose.
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