Dostoïevski fait dire au prince Michtine dans L'Idiot, "la beauté sauvera le monde". Le monde a-t-il besoin d'être sauvé ? Le monde est-il menacé ? En quoi la Beauté, et non la bonté, pourrait-elle devenir l'outil qui sauverait le monde ? Pour cela, il faudrait croire en un dieu, peut-être même à plusieurs, le Beau serait ici lié au divin. Je reviendrai sur cette relation entre le beau et le bon dans une prochaine méditation. Le long de la Moselle industrieuse, celle qui ne dort jamais, j'ai croisé la laideur. J'en ai fabriqué de belles représentations. Aux yeux de n'importe quel humain normalement constitué, les tas de charbon destinés à alimenter les cokeries, les tas de souffre, les portiques et engins soulevant une poussière dense chargée de métaux lourds sont les images horribles d'une terre à l'agonie. Pour nous, enfants de la Fensch de ma génération, tout cela, loin d'être considéré comme monstrueux, est l'image de valeurs positives. Un principe semble admis. S'il existe des choses laides, la photographie a le pouvoir de les représenter de belle manière, mes images en témoignent.
Demain dimanche, mon chemin me conduira au pied de la cathédrale Saint Etienne dont les gargouilles dénoncent "bellement" la laideur du laid. Mais revenons à l'actualité et à ce fameux jour d'après la pandémie, (si tant est qu'il y a un jour d'après, lendemain d'un grand soir) : la crise nous poussera peut-être à nous montrer plus attentifs à la beauté du monde et à réhabiliter des notions tels que l’équilibre et l’harmonie. Est-ce la beauté qui sauvera le "monde d'après" ?
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